| THÈMES | SEPT PÉCHÉS CAPITAUX
LES 7 PÉCHÉS CAPITAUX, 2005-2007
Claire Fasulo et Justine Pluvinage
6 impressions jet d’encre pigmentaire, 70X100cm.
Les péchés capitaux
Fruit d’une collaboration entre artistes, ce travail n’est pas une réflexion théologique mais une manière d’appréhender le monde contemporain pour offrir une représentation actuelle des péchés capitaux.
Les sept péchés capitaux ont été nommés pour la première fois par Saint Augustin : avarice, colère, envie, gourmandise, luxure, orgueil, paresse.
Dans la définition de chacun, ce que l’on retient plus particulièrement est la notion d’excès : posséder plus que nécessaire, opinion trop avantageuse de soi-même, se gaver plus que savourer, recherche déréglée des plaisirs sexuels…
Visibles dans les fresques et les sculptures des églises, les représentations des péchés capitaux ont eu vertu pédagogique et ont joué un rôle structurant dans l’ordre et l’imaginaire collectif.
Nous faisons le choix de montrer une société où ce que dénoncent les péchés capitaux est loin d’être périmé mais où les vices prennent peut-être de nouvelles formes : égocentrisme, désinformation, illusion du contrôle, surveillance, dépendance, disjonction espace/temps…
Dans une société virtuelle, l’entité matérielle tend à disparaître, à se fondre dans un flux de signaux électriques, dans une interface informatique. L’image, prise sans recul, domine au détriment du mot.
Nous vous livrons un être sous influences, un être pantin.
Le personnage est tenu par des câbles connectiques telle une marionnette. Son corps est une enveloppe et se retrouve relié par son cerveau à de multiples influences ou représentations imposées par la société. Ce corps mou ne s’appartient pas, il n’y a aucun poids sur son environnement, il n’appréhende pas l’espace, ni ne s’y repère.
L’être humain n’utilise qu’un faible pourcentage de son cerveau, il est loin de maîtriser tous ses afflux hormonaux et nerveux (les réactions psychosomatiques en sont la preuve) ou encore toutes les influences et sélections inconscientes qu’il subit.
Hors de toute convention ou référence précise, nous décidons de représenter de manière imaginaire le mécanisme du cerveau comme extérieur à l’enveloppe humaine, les câbles signifiant alors les prolongements neuronaux. Le corps est comme le jouet du cerveau qui va lui faire subir des textes, lui imposer des frustrations. Le cerveau lui-même est le vecteur de la société, un organe qui absorbe les influences extérieures et les répercute sur l’homme.
Nous terminons par l’envie (bien que la colère reste à venir). Dans sa quête de la satisfaction immédiate et la comparaison permanente avec ce que possède autrui, l’envie est un péché sans plaisir, une douleur pure. Nous représentons ici un être écartelé, vaincu, qui, épuisé par le combat mené, a cédé.
Toutefois, une ambiguïté subsiste : les forces extérieures semblent gagnantes puisqu’elles ont soumis l’homme à leur puissance mais, dans le même temps, il peut être compris que l’homme a pris la décision de se déconnecter, faisant perdre au cerveau l’enveloppe qui lui permettait d’arriver à ses fins.